Thomas Bonvalet est un musicien autodidacte multi-instrumentiste. Bassiste puis guitariste au sein du groupe Cheval de frise (1998-2004), il se détourne peu à peu de ce dernier instrument en intégrant la podorythmie, diverses percussions et éléments mécaniques, instruments à vent, objets détournés ainsi qu’un dispositif d’amplification. Ce sont les nécessités de son projet solo ‘L’ocelle Mare‘, initié en 2005, qui guident l’élaboration de cet instrumentarium.
La sortie du disque ‘Serpentement‘, en 2012, avait marqué la fin d’un cycle: quatre états, disques-paliers, s’étaient succédés avec régularité, procédant à l’élaboration de ce dispositif de jeu singulier, impliquant tout le corps dans une simultanéité faite d’associations de gestes et d’outils sonores, une société de timbres et de tremblements.
Cet organisme, tout en restant mouvant et adaptable, avait trouvé une forme d’équilibre naturellement ouverte aux collaborations, l’amenant ainsi à œuvrer dans le champ de l’improvisation, de la folk, de la chanson, du rock ou de la musique contemporaine.
Ces dernières années, Thomas Bonvalet a notamment collaboré avec Powerdove, Arlt, Radikal Satan, Jean-Luc Guionnet, Arnaud Rivière, Will Guthrie, Gaspar Claus, Daunik Lazro, Fred Jouanlong, Sylvain Lemêtre, Jean-Brice Godet, Stéphane Garin.
Sans y renoncer pour autant, il a naturellement pris certaines distances avec son travail en solo, le laissant croître dans une temporalité plus lente et élastique, permettant à d’anciennes formes de se métamorphoser graduellement. De nouvelles compositions ont ainsi progressivement trouvé leur ligne. On pourrait presque dire qu’elles se sont « auto-déterminées ».
‘Temps en terre’ est le cinquième disque de L’ocelle mare, et le premier à avoir été enregistré en studio. Les précédents avaient privilégié des acoustiques fortes et très marquées : l’espace très réverbérant d’un temple protestant pour ‘Serpentement‘, les prises de son faites en forêt, sur des étangs et dans des cabanes pour ‘Engourdissement‘, des appartements et des espaces urbains pour ‘Porte d’octobre‘, des grottes et des églises pour le premier disque sans titre. Les morceaux de ‘Temps en terre‘, eux, sont éclairés d’une lumière plus crue, présentés sous une forme plus brute et proche de la performance en direct. Tous les éléments sont joués et mixés simultanément et en temps réel.
L’instrumentarium y est composite, rustique et paradoxalement sophistiqué : piano, banjo basse six cordes, métronome mécanique, diapasons, claves, frappements de pieds et de mains, mini-amplificateurs, amplificateurs, subwoofer, micros, petite table de mixage, cloches, fragments d’orgue à bouche, concertina, componiums, « stringin it », audio ducker, peau de tambour, moteurs à ressorts…