La compositrice :

Clara Maïda a obtenu un Doctorat de Composition (University of Huddersfield), un Master de Musique et une Licence de Psychologie (Universités Paris 8 et Aix-Marseille), un Diplôme d’État (Professeur de Piano).

Elle a obtenu la Bourse du DAAD (2007), des prix, bourses et commandes de composition à l’international. Sa musique a été jouée dans le monde entier et programmée sur de nombreuses radios.

Elle a présenté sa recherche transdisciplinaire au carrefour de la composition, de la psychanalyse, de la philosophie deleuzienne, des nanosciences lors de conférences et master classes dans les institutions de nombreux pays ou dans diverses publications.

L’œuvre :

…, das spinnt… est le deuxième volet du cycle  www, ces trois lettres désignant, comme chacun le sait, l’accès au réseau internet, les initiales de la World Wide Web, la toile d’araignée mondiale.

Comme dans la première pièce du cycle,  …who holds the strings…, le titre fait allusion à un réseau de fils. Le mot allemand « spinnen » se réfère à l’action de filer (ou de tisser la toile, dans le cas de l’araignée). …, das spinnt… est une phrase incomplète, sans sujet grammatical, que l’on peut traduire par « …qui file… » ou par « …qui tisse une toile… » . Et la toile peut aussi être la Toile, le Web, c’est-à-dire un espace ramifié sans point de centralisation.

Le titre joue sur la double signification du mot « spinnen » qui évoque à la fois ce tissage de fils et, dans une utilisation plus argotique, le reproche adressé à une personne qui agit de façon un peu folle ou inconsidérée. « Du spinnst ! » correspond à : « Tu es fou ! ». Par ailleurs, en français, l’expression « avoir une araignée au plafond » signifie aussi « être fou ». Et le mot anglais « spin », qui évoque à la fois un tournoiement et le tissage de la toile par l’araignée, désigne en physique quantique le moment cinétique intrinsèque des particules.

On constate donc qu’un réseau – sémantique, cette fois-ci – traverse différentes langues. L’« araignée au plafond » converge vers « spinnen » avec l’idée d’une folie à l’arrière plan, quel que soit son degré d’expression ou d’intensité, et vers le  spin des particules.

L’écriture musicale se fraie donc un chemin entre la toile (dans les deux sens du terme), les turbulences psychiques et celles de la matière, ou la propagation des ondes sonores.
En effet, avec cette répétition d’une même lettre dans un mouvement qui pourrait durer infiniment ce symbole www évoque visuellement une forme d’onde et nous rappelle que toute matière, selon la très poétique théorie des cordes développée par la physique moderne (même si elle reste encore à vérifier), n’est peut-être pas faite de particules mais d’invisibles cordes qui vibrent à des fréquences différentes.

Dans la pièce, tous ces filaments qui ne cessent de s’entrecroiser et de poursuivre leur trajet créent un diagramme sonore extrêmement cinétique et parcouru de fulgurances. Dans ce réseau très dense et élastique, les connexions circulent d’un instrument à l’autre.
Les trajectoires tissent un ensemble de traces dans toutes les directions, créant ainsi des extensions, des proliférations toujours plus désordonnées, toujours plus folles, aux bifurcations nombreuses et à la temporalité complexe. L’écheveau se défait sans fin, à l’exception de quelques points d’ancrage qui se figent de temps à autre sur une sorte de mécanique circulaire répétitive, notamment celle qui conclut la pièce.