L’A est jaune, dit-on
il est Energie qui se diffuse ;
l’U est blanc,
Il est Lumière ;
l’M est noir,
Il est Ténèbres.
AUM est la syllabe sacrée de la religion hindoue. Elle signifierait quelque chose comme ‘je fais révérence’, et représenterait tout à la fois – le verbe divin sous une forme audible, le feu du Soleil ; l’Unité, le Cosmos, l’immensité de l’Univers ; le passé, le présent, l’avenir ; l’ensemble de la Connaissance. Elle contiendrait aussi l’essence même de tous les sons qui ont été, sont, ou seront prononcés.
Depuis 2010, AUM Grand Ensemble, formation hybride entre orchestre de chambre, big band et gamelan ultra-moderne – au sens d’ensemble d’instruments résonnants auquel l’entendait Olivier Messiaen – se penche sur une sorte de source commune à différentes traditions musicales – des musiques de la Renaissance à celles de Morton Feldman, Ligeti, Grisey ou LaMonte Young en passant par celles, ancestrales et innombrables, d’Asie. Celle d’une certaine sensibilité corporelle, organique à la matière sonore. Une musique où l’écriture et l’improvisation sont constamment au service l’une de l’autre, toutes deux guidées par la recherche d’un son vivant, mouvant – une musique de masses, de fusions de timbres, de textures, de processus plus que d’évènements, s’interrogeant sur le rôle de la voix, l’évolution de matières continues, les formes longues, les accords non tempérés, le phénomène acoustique des battements, le résonnant, le silence…
Dans ‘You’ve never listened to the wind‘, battements, résonances ou tempéraments sont traîtés d’une façon totalement originale avec l’utilisation de claviers issus d’un gamelan indonésien dont les sons se mêlent à ceux de l’instrumentarium de l’ensemble.
La musique s’articule ici autour de fragments de poèmes de Fernando Pessoa issus du Gardeur de troupeaux, recueil que Pessoa se plaisait à raconter qu’il l’avait écrit presque d’une traite, un jour de mars 1914, dans un état proche de la transe, habité par son hétéronyme Alberto Caïro, qu’il voyait en marginal, héritier à la fois de Lao–Tseu, Milarepa et Socrate. Chacun des poèmes de ce recueil est comme un koan, un précis du désapprendre, impliqué par la nécessité de renouer avec la plénitude des sensations…
FORMATION
Ellen Giacone : voix
Julien Pontvianne : clarinette, saxophone
Antonin–Tri Hoang : clarinette, saxophone
Jean-Brice Godet : clarinettes, cassettes
Amélie Grould : vibraphone
Stéphane Garin : percussions
Julien Loutelier : percussions
Jozef Dumoulin : piano
Tony Paeleman : fender rhodes
Alexandre Herer : électronique
Richard Comte : guitare
Youen Cadiou : contrebasse
Simon Tailleu : contrebasse
Léo Margue : direction
Pierre Favrez : Ingénieur du son